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La petite famille en vadrouille
21 juin 2009

A Paris!

ça y est, on est à nouveau parmi vous, dans l'hémisphère Nord, dans le "monde civilisé" et on est très impatients de vous voir!
Voici le récit des derniers jours:

Mercredi 17 juin

Aujourd'hui nous allons à Tana (Antananarivo, la capitale) avec Fifi. Après avoir pris plusieurs bus, taxi-be et taxis nous arrivons au marché artisanal où nous voulons faire le plein de cadeaux et souvenirs. Après avoir enduré les embouteillages dans les rues, il faut maintenant se frayer un passage dans la foule tout en prenant garde aux pick-pockets (deux fois je me retrouve avec des mains étrangères dans mes poches!). Autant le marché local est bondé autant la partie artisanale, plus destinée aux touristes, est déserte et les vendeurs nous courent après en baissant les prix et en nous suppliant presque d'acheter. On trouve des quantités de beaux objets en tissu brodé, vannerie, pierres, bois de rose ou palissandre mais c'est difficile de faire ses emplettes sereinement. Ensuite on fait un tour dans le quartier chinois pour faire plaisir à Nina et on y mange du riz cantonais avant de reprendre un taxi jusqu'au jardin zoologique. Les enfants peuvent enfin marcher et courir librement et observer les crocodiles, boas, lémuriens et autres animaux. De retour à Lohanosy, le village tranquille où habitent Fifi et Jean, on a à nouveau droit à un repas de fête, le cousin apprenti pâtissier a entendu que Nina était gourmande et a préparé de la mousse au chocolat et du crumble pour le dessert. Et un autre cousin nous a trouvé une Renault 11 avec chauffeur à louer pour deux jours pour aller visiter le lac d'Itasy et ses environs. Toute la famille est mobilisée pour nous faire plaisir avec naturel et gentillesse, c'est vraiment touchant!

Jeudi 18 juin

Lou et Nina préfèrent rester avec leurs nouveaux amis et continuer à se faire gâter par Fifi, alors on part en amoureux, juste avec Liv, pour une petite escapade de deux jours. Le village d'Ampefy se trouve à 120 km à l'ouest de Tana, et on est confortablement installé dans notre voiture conduite par Teddy avec juste un petit sac, ça change des taxi-brousse avec nos 7 gros sacs et trois mômes! En chemin on fait une halte pour visiter un atelier de fabrication de charrettes à zébus, et une fois de plus on est épatés par le travail entièrement artisanal, il faut un mois entier pour fabriquer ces magnifiques charrettes peintes en bleu ciel avec des motifs rouges et noirs, que nous croisons en quantité sur la route.

Nous déjeunons chez Jacky (spécialité: foie gras) dans un cadre verdoyant puis Teddy nous conduit aux chutes de la Lily. C'est une jolie cascade aux abords d'un petit village qu'on atteint par 5 km de piste poussiéreuse qui serpente au milieu d'un paysage volcanique: cela ressemble au massif central en plus sec. Après nous être débarrassé de guides un peu collants, nous nous éloignons du village et tentons de nous perdre un peu, avec l'envie d'atteindre le pied d'un volcan voire d'y grimper. Mais les distances sont traîtres avec tous ces creux et bosses et il est difficile de se perdre car on trouve de petits hameaux isolés dans toutes les directions. Décidément la campagne malgache est loin d'être désertée, bien au contraire. Ici, comme elle en a la réputation, la population fière ne semble pas encore « polluée » par le tourisme et l'on entend peu de « vazaha! » ou de « donne moi l'argent ». Un vieil homme nous accompagne un bout de chemin pour nous remettre dans la bonne direction et terminer notre petite boucle.

La journée nous a semblé bien calme, serait-ce l'absence des deux (gros) tiers de notre progéniture?

En tout cas on est bien dans notre petit bungalow décoré avec goût (Maria craque pour les chaises en bois massif recouvertes de peau de zébu), au bord du lac, seuls touristes une fois de plus.

Vendredi 19 juin:

Maria adore le VTT!! Pour preuve, c'est elle qui insiste pour en louer ce matin et aller faire un tour du côté de « l'îlot de la vierge », même si elle redoute le mal aux fesses. Quel menteur, j'abhorre le VTT!!! mais j'adore Romain, alors...

Avant ça nous prenons notre petit déjeuner sur la terrasse au bord du lac, dans un cadre idyllique... Dernier luxe du voyage.

Puis nous roulons quelques kilomètres pour atteindre la péninsule au sommet de laquelle se dresse une statue de la vierge qui observe le magnifique panorama du lac Itasy, troisième du pays par sa superficie. Le spectacle des pirogues de pêcheurs sur la surface lisse du lac, avec les volcans aux formes arrondies en arrière-plan, est vraiment superbe. Au bout du cap, des rochers qui plongent dans l'eau se prêtent bien à un peu de grimpette et à la dégustation d'un ananas juteux et de goyaves fraîchement cueillies. Après une petite sieste on reprend les vélos et on remet Liv sur le dos... Dernier portage du voyage.

On repasse comme par hasard devant « chez Jacky » et on se dit, « Pourquoi pas un petit resto, ça fait longtemps! ». Dans le menu gastronomique, il y a: foie gras poêlé au pok-pok ( fruit de l' « amour en cage ») et flambé au rhum vanille; magret de canard au gingembre; assiette de fromages épicés et crème anglaise. Maria quant à elle prend seulement un poulet sauce café. Un délice absolu....

Dernier repas gastro du voyage.

En guise de digestif, Jacky, au fil de la discussion, nous explique l'importance du riz dans la culture malgache. C'est une chose que nous avions évidemment ressenti, mais là c'est du concret. On comprend que la vie sociale, familiale, politique et économique est rythmée par le riz. Toutes les mesures, quantitatives ou temporelles, tournent autour de cet aliment. Un malgache qui n'a pas de rizière n'en est pas fier. Un malgache qui passe une journée sans manger du riz est malheureux... Dernière leçon du voyage.

Et ce soir nous invitons Fifi et sa famille au restaurant, sans savoir si c'est la bonne façon de les remercier pour leur accueil incroyable. Et après le resto, ils nous offrent à nouveau des cadeaux, le but  étant comme ils disent de rendre notre séjour chez eux « inoubliable » (c'est l'expression consacrée ici). Je pense qu'ils seraient content de venir nous voir  un jour en France, mais cela semble irréalisable...

Derniers adieux du voyage.

Samedi 20 juin:

Ces derniers jours ont donc été particulièrement forts sur le plan humain. Mais en ce qui me concerne je n'ai pas eu le temps (ou le coeur) de m'attacher. Au contraire des enfants qui, dans l'insouciance et la pureté de leurs petites âmes, savent se faire des amis partout, au delà des frontières géographiques et culturelles. Une fois de plus, c'est un déchirement au moment de se séparer, mais un chagrin passager et constructif. D'autant qu'ils ont la certitude de se revoir un jour. Fifi, quant à elle, a versé une larme, preuve s'il en est que son accueil était d'une profonde générosité et d'une grande importance. J'ai peur de ne pas être capable d'autant d'amour et de désintéressement, étant trop matérialiste et égocentrique, voire pas suffisamment humaniste. Heureusement Maria est là pour compenser ces lacunes.

Cette dernière semaine m'aurait presque fait oublier que Madagascar est une île des grands espaces. Tous ces instants que nous avons passés dans la brousse me paraissent déjà loin et trop rares. Je pense à ça, la tête rivée au hublot de l'A 330 qui nous ramène en France. Nous survolons le nord-est de l'île, que nous n'avons pas exploré, et je me rend compte de l'immensité désertique de ce pays dont je suis déjà nostalgique. Il reste tant à découvrir et de tant de façons différentes. De la haut, la couleur rouge si caractéristique du paysage dévoile toute sa beauté: d'abord le long des pistes sinueuses qui quittent la capitale, puis à travers les fossés creusés par l'érosion, d'où naissent les premiers ruisseaux qui descendent des haut plateaux vers la côte. Ceux-ci se joignent pour former les fleuves aux eaux pourpres bordées de serpents de verdure. Enfin, nous abordons le canal du Mozambique au dessus du delta du fleuve Onihaly. C'est un triangle de nature immense qui marie le bleu de la mer, le vert profond des forêts et le rouge de la rivière. A 10 000 m d'altitude cela apparaît comme une feuille d'automne gigantesque dont les nervures se fraieraient un chemin sur un fond allant du brun au beige en passant par un orange flamboyant. Une feuille dont la tige rouge vire au bleu en se fondant à l'océan.

Je reste donc plus marqué par une sensation d'isolement dans un endroit magique que par des rencontres qui ont souvent été aussi formidables. Mais je ne désespère pas de devenir un jour capable d'apprécier en toute circonstance, l'instant présent, avec la personne présente.

Madagascar nous a appris ce qu'est le dénuement et que cela n'empêche pas de mener une vie sociale,  familiale et affective bien remplie. Il faut faire en sorte que le contraire ne soit pas vrai.

Que dire de plus? Le temps des conclusions est venu, Madagascar  fut pour moi un coup de foudre, au-delà de ce que j'espérais et on y reviendra certainement. Ce voyage nous en a mis plein les yeux, plein le coeur et plein la tête. Nous a-t-il changé? Difficile à dire, nous avons rencontré et parlé avec beaucoup de personnes très différentes, nous nous sommes posé beaucoup de questions et même si je ne pense pas être devenue moins matérialiste, j'espère avoir pris un peu de distance par rapport à notre mode de vie. Un mode de vie que je ne méprise pas du tout, qui me convient très bien, mais je suis contente d'en avoir vu d'autres, car même si on sait par la littérature et la télévision que la pauvreté, la vie proche de la nature, rythmée par des croyances et traditions existent, c'est vraiment autre chose de le voir de ses propres yeux.

J'ai aussi pris beaucoup de plaisir à prendre des photos, ma façon personnelle de m'approprier le pays, de m'en souvenir et de partager le voyage avec les autres. Et je me suis rendu compte qu'il m'a fallu plonger dans la vie malgache avant de pouvoir la capter avec l'appareil photo, ce n'est qu'au bout d'un mois à peu près que j'étais de contente de certains clichés. De même, je n'osais au début pas prendre les gens, les enfants en photo, puis j'ai appris à entrer en contact avec eux avant d'appuyer sur le déclencheur, même si ce n'était qu'à travers un mot ou un sourire.

Quant aux enfants il est difficile de dire ce qu'ils retirent d'une telle expérience, ils vivent tout avec plus de naturel et semblent ne s'étonner de rien, mais je pense qu'il leur restera des souvenirs inoubliables et qu'ils ont appris eux aussi qu'il existe d'autres façons de vivre.

Liv, elle, a énormément changé, tant au niveau du langage (elle parle même un peu malgache), que des mimiques et du caractère, mais c'est normal à son âge....

Allez, je vais jeter un coup d'oeil sur le Kilimandjaro, je vous laisse....

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